15.5.06

Le temps qui court...




Un jeux de télé réalité voit alors le jour. C’est Oekoumene. Au début, il permet de gérer la crise sociale. Très vite, le Model occidental l’adopte.
Jérôme Spinétas et Istratant Slamuit sont les deux principaux fondateur du système Oekoumene, qui devient très vite un état dans lequel il y a des citoyens et des non-citoyens.
La gestion administrative de l’économie, de la politique et du social de Ouékoumène devient incontrôlable. La liberté est prônée partout, mais les clivages et les méthodes musclés sont de plus en plus violentes. Les médias ayant perdu toute crédibilité, il ne reste qu’une seule chaîne de télévision, Ouékoumène, la télévision qui éclaire le peuple dans la nuit du libéralisme destructeur. C’était le premier slogan du groupe. Cette histoire est l’aboutissement d’une longue réflexion sur notre société. Dans laquelle certains s'adaptent et vivent dans les règles, mais certain ne le font pas, ils échoues à vivre en liberté.
C’est un monde injuste avec 80% d’habitants exploités par les 20% dominants.
La base de données Ouékoumédia regroupe cette histoire et ses principaux protagonistes.

*
Les états décident donc de s’unir en une structure étatique basée sur les Médias. La partie des terres immergée de l’humanité et ses habitants constructeurs d’un monde meilleur naissent pour devenir Oekoumene.

Lorsque l’élite a commencé à paniquer. Elle a cherché une raison à cette panique. En cherchant l’esprit derrière le mouvement contestataire, ils ont découvert que le seul moyen de sauver le monde était le retour à l’age de pierre. Le moyen d’arriver là était de détruire "la pensée unique". Il ne restait plus qu’à trouver l’architecte de cette destruction.
Le groupe Ouékoumène était dirigé par Jérôme Spinétas. Son but était d’organiser la faisabilité du système Ouékoumène en combattant le libéralisme et le capitalisme, mais ce qu'il généra devenait incontrollable. Jérôme trouva en Istratant Slamuit, l’architecte de son projet de restructuration de la société.
La première allocution d’Istratant Slamuit pouvait laisser imaginer son charisme et sa compréhension humanistes des souffrances de cette époque.





"18 ans plus tôt…"

Estelle était chez elle. Elle regardait l’allocution des deux hommes. Elle se demandait qui pouvait bien être Istratant et ne comprenait pas. Elle rentrait tout juste de la fac. Ses examens se passaient bien. Normalement, elle aurait son diplôme sans trop de casse se disait-elle. Elle, qui habitait avec sa tante. Une maison entièrement recouverte de zinc. Elle devait aller rejoindre Nicolas sur les barricades. C’était le temps des manifestations des « Jeunes » comme le disaient les médias. Le mouvement battait grand train et Nicolas était à la tête des contestations. La crise économique actuelle lui faisait très peur et elle avait consultée sur Internet tous les sites regroupant analyses et prospections pour l’avenir proche de sa génération. Mais-elle n’y avait rien compris de plus qu’a la lecture d’une partition de Wagner.

Son téléphone portable sonna. C’était Irma, la fille d’Istratant.
- Estelle, c’est terrible. Nous allons devenir des non-citoyens. Ils sont en train de changer les constitutions, les réformes fusent, l’état disparaît.
- Attends, calme toi. Ton père travaille sur le projet. Ne t’affole pas comme ça. On se rejoint avec Nicolas devant le bureau de quartier.

En raccrochant, elle se rend compte qu’elle vient de recevoir un message. Un message de Nicolas qui lui disait de ne pas venir ; que les choses tournaient mal, et qu’il lui recommandait de se cacher.

Estelle se retourne et regarde la télé à ce moment. Un hélicoptère filme la place du bureau de quartier. Plus de 10 000 manifestants sont là, entourés par des cars de police. Éparses, des fumeroles et de petites explosions disent l’instabilité qui règne. La police charge dans la foule et la scène devient d’une violence jamais montrée à la télévision. Deux hélicoptères entourent alors celui de la chaîne de télévision, la caméra montre qu’ils sont armés. On aperçoit un missile qui part en direction de la place et l’image disparaît. Le programme est coupé. Sur l’écran, on peut lire :
« Ouékoumène, la télévision qui vous éclaires »
Ouékoumène V 1.0
La voix d’un présentateur explique :

- Les médias sont dorénavant la propriété de tous. Les manifestations vous seront commentées dans la soirée. Nous avons gagné !

Stupéfaction d’Estelle. Ses mains sont sur sa bouche. Le bruit d’une explosion se fait entendre dehors. Elle sort et aperçoit un hélicoptère qui fond vers ce qu’elle devine être la place de la manifestation. Celui des média, lui, pique vers une rue et s’écrase semble-t-il. Horrifiée, elle commence à pleurer. Elle voit un nuage de fumée gris disparaître dans les airs au-dessus de la place.
- Nous avons gagné !
- Non, ce n’est pas possible. C’est un cauchemar. Estelle court dans sa chambre et se fait un sac avec quelques affaires. Dans le salon, elle ouvre un grand placard, sort de celui-ci une boîte métallique. Dedans, beaucoup d’argent liquide. Elle prend la boîte et la met dans son sac. Sur le terminal multimédia de la maison, elle insert ses carte de crédits et fait un retrait complet en tapotant sur le clavier lumineux. Une quinzaine de papiers sortes de l’imprimante intégrée. Ce sont des bons de paies. Elle court alors dehors et rentre dans la petite voiture de sa tante. Elle se rend compte qu’elle a oublié quelque chose. Au loin, elle entend le vacarme de milliers de sirènes. Il lui semble qu’ils se dirigent dans sa direction. Elle court vers la maison et laisse un mot a l’attention de sa tante. Dehors, elle entend le bruit violent d’un véhicule arriver dans la rue voisine. Des coups de feu, des hurlements. Elle sort, entre dans la voiture. Elle allume le contacte et prend la direction du sud, la zone inondée. Peut-être qu’elle ne sera pas la seule a aller par là. Des larmes coulent sur son visage. Elle tremble. Dans les rues, des familles entières sortent de chez elles. Certains semblent hostiles, d’autres effrayés. Elle entrevoit quelques fois des véhicules de police. À un carrefour, elle est témoin d’une scène affreuse. Un corps de policier tire à vue sur les passants.
- C’est la révolution. Se dit-elle.
Sa voiture disparaît sur une bretelle ; elle prend la grande route qui mène vers les terres abandonnées.

Lorsque Estelle se réveille, le métro a une odeur de sueur. Tout autour d’elle force la présence de cette humanité qu’elle ne comprend toujours pas, qu’elle ne comprend plus, et qu’elle n’a peut-être jamais compris… Que lui avait-on enseigné sur la terre des Slamuits.

La signalisation lui indiquait qu’elle approchait. Une fumée blanche s’échappait du capot, Estelle admirait le soleil se coucher sur les marécages. Les reflets orange, pourpres, écarlates des nuages sur les lacs. Les épaves de paquebots, les pétroliers, les transporteurs, les voiliers échoués sur des aires plus ou moins profondes donnaient, a cette heure une couleur mystique au paysage. Elle pouvait presque sentir l’odeur de rouille des passerelles encore utilisées par certains Slamis. Maintenant, ces navires étaient devenus des habitations clandestines, et il en demeurait plusieurs dizaines de milliers sur le sud de tout le pays, qui avait été inondé par un raz-de-marée extraordinaire au début du siècle.
Elle savait qu’elle approchait de la citée inondée, renommée, Néo-Spartia. Au loin, elle devinait déjà le grand pont, puis les tours inondées. Telle la mythique Venise, Néo-Spartia était une ville bateau, peuplée d’habitant amphibiens, qui avaient élaboré des passerelles, des ruelles suspendues, des jardins, toute une ville au-dessus de la mer. Cette citée n’avait pas ses fondations au sol après tout, mais dans les airs. Tout était suspendu aux tours qui émergeaient des eaux...
La ville s’était construite d’exclus, de renégats, de terroristes, mais beaucoup d’intellectuels y étaient partis aussi. Des artistes également. Ils avaient tous fuient les prémices de Ouékoumène, la société de démocratie totalitaire qui naquit lors du XXIe siècle. Estelle avait peur, elle avait entendu tellement de mal de Néo-Spartia à Ouékoumène. Les médias avaient proclamé la zone condamnée par différents fléaux civilisationel et l’avaient prohibée sous peine d’expatriation absolue.
Les jeunes y vivaient en groupes : l’éducation physique était la plus importante, au détriment du développement intellectuel. Pour devenir adulte, le Néo-Spartia devait passer une série de tests, et participer à un jeu de télé réalité. Ils étaient envoyés par bande dans la périphérie de la citée et devaient survivre pendant trente jours. Ils étaient filmés et éliminés par vote. Une milice s’occupait de faire disparaître ceux qui n’étaient pas choisis, chaque soir pour continuer leur épreuve le lendemain. Le ou les gagnant obtenait le statut ou titre de Slamuit de Néo-Spartia. Et il ou ils pouvaient prendre part à la gestion de sa cité. Mais ils devaient vivrent en communauté jusqu'à l’âge de trente ans, avant de pouvoir espéré participé au grand jeu mondial de citoyenneté : Ouékoumène.

Devant le poste de la milice locale, la petite voiture d’Estelle s’arrêtait. Elle sortait et s’étirait car la route avait été longue. Sur le siège du passager, son agenda personnelle sonnait. S’était Irma qui lui disait que Nicolas avait disparut dans la manifestation. Qu’elle avait perdue sa trace et qu’elle avait essayée de fuir avant de s’être faite arrêtée pour un contrôle d’identité. Estelle regardait le message, consterné. Irma lui demandait si elle avait eu de nouvelles. Mais non, rien. Et il n’était pas joignable ; plus joignable car sa ligne était en dérangement.
Elle traversa le trottoir pour se diriger vers le petit poste de milice. Arrivée devant ; un guichet vétuste, une petite queue de quelques personnes. Dans la rue, derrière, des mouvements de protestations. Elle entendait diverses paroles.
- Allons nous présenter au nouveau jeu ; dix mille participants cette fois-ci ! Et un gain exceptionnel.
- Oui, il faut participer au jeu… Allons nous inscrire !
- Oui, c’est pourquoi ?
- Bonjour, Mademoiselle ?
- …
- Mademoiselle ? Hou-hou ?
- Ah oui, pardon. Excusez-moi, je viens de Ouékoumène. Heu, je ne sais pas trop comment m’organiser. J’ai pris ma voiture et je suis venue le plus rapidement ici. Vous avez appris ce qui se passait ? Vous avez des nouvelles ?
- Ah oui, Ouékoumène. Heu, vous voyez miss, je ne sais pas quoi vous répondre. J’ai pas le temps de voire les infos, surtout qu’ici, on a pas d’info officielles, vous savez. On est qu’une petite milice de proximité.
- Je vous explique, j’ai fui Ouékoumène, je ne suis pas citoyenne, je viens du quartier périphérique, là où sont les voiliers et les accès à la mer. Je ne sais pas quoi faire, je suis aller à Ouékoumène pour faire des études de citoyenneté, et mes amis sont encore là-bas. Dites-moi, vous organisez quelque chose localement pour vous protéger de ce qui arrive.
- Ça nous concerne peu ici, ils ne vont pas venir ici, on est sur la Terre des Slamuits. On est méchant ici vous savez bien ! On est pas cultivé et on a accès a rien. Alors que viendrait-ils faire ici?
- Pardon, j’ai juste envie de savoir ce qui se passe. Ça a été très violent, ce matin. Il y a eu des morts et je crois qu’il y a eu un coup d’état là-bas.