Les hyperbus passent toujours entre les immeubles...
Ouékoumène était le nom d’un reality-show qui avait pour but la construction d’un nouvel état. Le principe de ce jeu était que tout le monde pouvait proposer une loi sur le plateau de télévision. Si cette loi était validée par les spectateurs à l’applaudimètre. Alors, elle était appliquée à la société de manière automatique. Le principe était révolutionnaire à l’époque. Cela avait conduit à l’Etat d’Ouékoumène qui dominait le monde, avec son information réalité continue et obligatoire. Ouékoumène avait ses citoyens qui travaillaient en étant les acteurs réels, et son économie réalité dans laquelle il n’y avait aucune propriété.
Ouékoumène avait été dans toute l’histoire de l’humanité, le système étatique le plus probant à l’économie et à la paix dans le monde. Ses contestataires vivaient dans des landes primitives, sans informations, sans culture, sans liberté de faire partie d’Ouékoumène.
Nicolas avait passé son enfance sur les terres désertes des Slamuites. Ses parents l'avaient éloigné de Ouékoumène afin de le protéger de ce système et des échos néfastes de leur divorce qui fût le premier divorce reality-show. Jérôme Spinétas et Anaïs Duschozy étaient chacun représentant de grandes compagnies. Jérôme représentait la jeune société Ouékoumène et Anaïs était la gestionnaire de son équivalent outre-atlantique. Les deux groupe se fusionnères en Ouékoumène. Le couple se rendant compte que Ouékoumène n'était plus contrôlable, ont envoyé Nicolas chez un vieil oncle, Istratant Slamuit. Il était connu pour son opposition à la société Ouékoumène.
Istratant fût exilé pendant une décennie. À cette époque, il avait fui les médias et ne donnait plus de signes de vie. Jérôme était l'un de ses élèves. Une autre fillette était là aussi, elle s’appelait : Estelle Crianthès, de 5 ans sa cadette. Enfant, il avait une relation d'amitié angélique. C'est là, avec Istratant et Estelle que Jérôme a forgé sa personnalité.
Sur les archives de Ouékoumène, il est mentionné que Nicolas Spinétas avait accepté Istratant Slamuit comme mentor pour Nicolas. Pendant les dix années de repentir socioculturel d'Istratant, il semble que les archives n'ont aucune autre information concernant ses activités. Mis a par le fait qui fût enseignant pendant quelque temps.
Estelle Crianthès était une petite fille orpheline. Ses parents étaient anthropologues, et travaillaient dans une ville abandonnée aux Slamuites lorsque le séisme Méditerranéen submergea les cotes du sud de la France. Elle se retrouvait alors chez sa Tante, Lucie, qui avait été responsable des recherches informatiques au CNRS pendant trois ans et qui avait été exilée pour des raisons inconnues. Lorsque Nicolas, à l'age de dix-huit ans devait retourner à Ouékoumène, il se retrouvait confronté à un Empire, et à son père qui était devenu l’unique mentor de celui-ci. Il n'arrivait pas à se trouver de liens avec cet homme. Cela lui procurait un sentiment de séquestration. Mais surtout, il ne savait pas où se trouvait Istratant maintenant.
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Un homme de petite taille était assis dans l’obscurité au fond de la pièce. Il avait sur son nez, des lunettes dont la monture mince n’allait pas avec l’épaisseur de ses verres. Il affichait un sourire triomphal lorsqu’un éclaire lumineux traversa son regard. De jeunes adultes regardaient les images d’un message publicitaire qui retraçait l’histoire de Ouékoumène. Sur l’écran, substitué au classique FIN, un slogan apparut :
Ouékoumène, vous en faites partie.
- Alors ? Comment avez-vous trouvez ça ?
Sur la porte d’entrée de cette sale on pouvait lire : « Chambre de Développement ». L’homme de petite taille avait pris dans ces mains un objet de forme cubique et le regardait tout en parlant. Le cube était transparent et légèrement bleuté. Le silence régnait dans la salle, les regards étaient sceptiques, nerveux. Un jeune homme de haute taille, mais qui semblait avoir une légère déformation sur le dos se leva poliment.
- Vous savez que j’ai passé beaucoup de temps à vous dire que le message de cette propagande n’est pas assez pertinent. De toute façon, je crois qu’il ne faut plus faire ça.
- Nicolas, comment ça ? Notre centre de propagande diffuse a travaillé au mieux pour que ce spot soit à l’image de Ouékoumène.
- Nous perdons trop de temps; il faut trouver un moyen de toucher les citoyens plus précisément. Ils attendent ça. Non ?
- Non. Ce qu’ils attendent Nicolas… c’est un changement. Mais il ne faut pas que ce changement soit perceptible. Il impliquerait une révolution. Et ce n’était pas le but de notre famille lorsque nous avons fondé Ouékoumène.
Nicolas regardait tristement Jérôme Spinétas. Il lui sourit et sorti de la chambre de développement.
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Les hyperbus passaient entre les immeubles, sur leurs flancs des écrans montrait ce qui allait être une petite révolution. Une candidate, Estelle Crianthès proposait une lois. Les femmes et les enfants s’arrêtaient pour observer les bus. Dans les bureaux, au dernier étage de la tour Ouékoumène, juste en dessous de Nicolas qui regardait le néant, chacun dans les bureaux était en train de regarder la proposition de lois.
Nicolas était sur la terrasse de la tour Ouékoumène. Seul, il regardait fixement un document d’archive sur son assistant personnel. Il se souvenait de son enfance, il avait été protégé par une famille de non-citoyens. Ses grands-parents avaient pour amis une famille qui avait ses origines dans les fondations de Ouékoumène. Il y avait grandi quelques années, jusqu’à l’age de dix-huit ans, ou il avait retrouvé le cortège d’où il venait, Ouékoumène. Là-bas, il avait découvert une autre vie, il avait connu la liberté. Estelle Crianthès, son amie, sa confidente l’avait rejetée, l’avait oubliée. Cela ne faisait que cinq années qu’il était rentré à Ouékoumène et la seule preuve de son enfance était ce document d’archive qui relatait l’histoire du procès de ses parents et qui évoquait sa fuite par le biais de quelques faits-divers.
* * *
Dans la République Ouékouméniène Européenne de ce mois d’août, le président du jury international de la Cour des Divorces Citoyen doit donner son verdict. Ce procès qui à déjà-vu son cours ajourner à plusieurs reprises est à l’image des sociétés primitives du XXe siècle. C’est le divorce du siècle, c’est la rupture entre les états de la jeune République Ouékouméniène Européenne et L’union Fédérale Démocratique de la Coalition pour la Paix. C’est bien deux familles qui sont exposées là. C’est aussi l’économie d’un régime qui vacille qui pourrait être évité. Jérôme Spinétas et Anaïs Duschozy sont les deux héritiers des plus grosses fortunes de notre planète. Maintenant que leurs rapports ne permettent plus à leurs sociétés de s’entendrent, qu’elle sera la suite des événements ? Et que deviendra leur fils héritier du projet Ouékoumène ?